Destinée à remplacer la vieillissante W123, la W124 inaugure la nouvelle classification du renommé constructeur bavarois. Véritable monstre de robustesse et de fiabilité, ce modèle apportera son lot de nouveauté tout en surpassant les critères qui font d’elle une véritable Mercedes.
Contexte et développement
Désirant renouveler sa gamme et simplifié celle-ci, Mercedes décida de développer ce qui aller être, la base des prochaines classe E. La classe E est une gamme de routière (concurrente des gammes séries 5 et A6) se trouvant dans la nouvelle nomenclature entre les modèles C et S. Celle-ci se veut être un produit devant faire la liaison entre les petits et grands modèles du constructeur. Chose réussi puisque cette classification existe encore aujourd’hui.
Ainsi, la W124 née dans les bureaux des ingénieurs Mercedes qui devaient respecter un cahier des charges s'orientant vers une routière plus léger et recyclable que la précédente W123 débordante de chrome et autres métaux. De plus, celle-ci devait pouvoir transporter 5 personnes et leurs bagages en tout sécurité, et dans un confort à la hauteur de la marque à l'étoile.
Le Docteur Bruno Sacco, alors directeur en chef de la conception à l'époque reprend les traits de sa 190 tout en l'adaptant, grâce à son coup de crayon aux nouvelles proportions de la routière à naitre. La W124 naît et innove avec ses équipements totalement novateurs pour l'époque d'ou son surnom par la suite de "laboratoire sur roues". Surnom totalement justifié puisque celle-ci reçu tout le long de sa commercialisation des équipements indisponibles à l'époque auprès de la concurrence, et pourtant devenue la norme aujourd'hui.
La W124, inaugura les premiers pots catalytiques et le freinage ABS disponible en option à sa premier commercialisation. Puis par la suite, on put retrouver à son bort des équipements comme l’ASR (anti-patinage électronique), ASD (différentiel autobloquant) ou encore la première transmission intégrale de la marque (4Matic).
Mécanique et coopération
Côté motorisation, la W124 est dotée d'excellents moteurs avec parfois de grosses cylindrées assez rare à l'époque sur ce segment de marché et qui on fait la renommée du constructeur par la suite. Ainsi le modèle reçoit des moteurs essence allant de 2L à 5L de cylindrée avec 4 à 6 cylindres en ligne et un V8 pour les versions les plus imposantes. En diesel, elle reçoit des motorisations allant de 2L à 3L pouvant être turbocompressée avec 4, 5 ou 6 cylindres ce qui lui valut le titre de diesel le plus rapide au monde.
Ces motorisations relativement importantes pour cette gamme de modèles rendues possible par la reprise et l'amélioration des trains arrière de la 190. Mais aussi l'apparition d'un système de retenue de plongée sur le train avant permettant d'améliorer la tenue de route et le confort global du véhicule même sur des grosses motorisations. La W124 marque aussi le début de l'apparition du V8 dans une "Mittelklasse" avec la E500 (5L) et plus tard les E400, E420 toutes les deux en 4.2L. Ces motorisations uniques sont issues de la coopération de la frime Mercedes-Benz et le constructeur Porsche alors en grande difficulté financière à l'époque. Un accord fut donc passé entre les deux constructeurs destinés à déléguer la conception et la pose des motorisations V8 par Porsche dans les diverses E400, E420 et E500. En effet, le motoriste bavarois envoyait alors les châssis de W124 directement à l'usine Porsche où ils étaient dépouillés afin de recevoir leurs intérieurs, préparations et motorisation finales.
Cette époque est aussi l'entrée en scène du préparateur AMG dans la maison Mercedes qui s'était déjà illustré dans la modification d'une 300SEL surnommée "Red Pig" pour l'inscrire en compétition. La W124 n'échappa pas à l'emprise du préparateur qui travailla dessus pour en sortir les remarquables E36 AMG, 300CE 6.0L AMG (dite Hammer) et la E60 AMG.
Son succès et aujourd'hui
Avec plus de 2 725 000 exemplaires sous diverses carrosseries, il n'est pas rare de croiser une W124 sur les cinq continents et sur tous les terrains. Décliné en berline, break, coupé, et même en cabriolet, ce modèle perdure la force qui a fait la renommée du constructeur. A savoir de proposer des véhicules fiables et robustes pouvant toujours rouler aujourd'hui, quels que soient leurs kilométrages et même avec une utilisation abusive de leur propriétaire.
En effet, il n'est pas rare de croiser des propriétaires de W124 au kilométrage relativement élevé qui affirme que leur véhicule est toujours en rodage. Cette expression amusante au premier abord démontre de la satisfaction des utilisateurs et démontre du sentiment de robustesse que communiquent les W124 construites sur ses 13 années de production et de commercialisation. Sentiment confirmé par une déclaration de Werner Breitschwerdt (PDG de Mercedes-Benz lors de la conception de la W124) évoquant la chute du mur de Berlin avec humour:
"Si le mur avait été construit comme j’ai construit ma W124, il serait toujours debout, et fier".